S’imposer de parcourir des kms pour faire une activité pour ses enfants et au final se retrouver frustré-e et à cran… Ca vous parle ? Moi oui 😉 Et à chaque fois, c’est le même résultat : je suis déçue de la journée et m’en veux de ne pas avoir écouté mon besoin du moment.
Bref, je ne sais pas pour vous mais moi, à partir du moment où je suis devenue mère, j’ai complètement mis de côté mes besoins pour me concentrer presque exclusivement sur ceux de mes filles. Résultat : quand elles ont commencé à grandir et que j’ai eu un peu plus de moments pour moi, je ne savais même plus ce dont j’avais besoin ni envie. C’était assez angoissant et je sentais bien que j’arrivais à une limite où je ne me sentais pas alignée dans ma vie. Petit à petit j’ai essayé de me reconnecter à mes besoins fondamentaux et à mettre en place des actions concrètes au quotidien pour y répondre. C’est un exercice à faire régulièrement car nos besoins changent selon nos étapes de vie. Et les écouter est pour moi fondamental pour se sentir bien dans sa vie en général et particulièrement dans la relation avec ses enfants. Car ils arrivent de leur côté très facilement à exprimer leurs besoins, qui peuvent parfois rentrer en « concurrence » avec les nôtres… Alors comment faire pour écouter les nôtres sans culpabiliser ? C’est ce que je vous propose de découvrir ici.
Pourquoi c’est si important de répondre à ses besoins en tant que parent ?
Après toutes mes lectures, écoutes de conférences, podcasts, et surtout ma formation pour accompagner les parents, j’ai réalisé à quel point c’est fondamental. « Et pourquoi » me direz-vous ? Simplement parce que si vos besoins fondamentaux ne sont pas comblés, votre « réservoir affectif » n’est pas rempli et peut être à l’origine du mal-être ou du manque de sens que vous ressentez actuellement dans votre vie. (voir plus de détails dans mon article « Parents : comment réussir à prendre du temps pour soi ? »). Vous pouvez ainsi vous sentir épuisé-e, sans élan, frustré-e, en colère, voire déprimé-e. Est-ce votre cas ? En plus d’être désagréable à vivre, cela risque à plus ou moins long terme de rejaillir sur vos proches à un moment ou à un autre de votre vie. D’autre part, je ne sais pas pour vous mais je veux pouvoir donner à mes filles l’image d’une mère qui a d’autres sources de satisfaction en dehors d’elles et dont l’épanouissement ne passe par que par elles. C’est un beau cadeau à leur faire pour leur futur, si elles souhaitent plus tard être mères à leur tour.
Comment faire concrètement ?
Je vous propose plusieurs étapes progressives pour y arriver :
Etape 1 : Faire le point sur comment vous vous sentez en ce moment
C’est la première chose que je vous propose de faire : prendre une pause dans votre quotidien effréné (pour savoir comment trouver un peu de temps, lire mon article sur le sujet) pour vous demander si vous vous sentez aligné-e dans les différents aspects de votre vie : vie professionnelle, personnelle, votre lieu de vie, vos relations avec votre enfant, votre famille, vos amis, etc.
Ces différentes « vies » sont-elles à l’image de votre caractère, de vos valeurs, de vos aspirations, etc ? Ont-elles du sens pour vous ? Ou bien suscitent-elles en vous des frustrations ou des manques ? Quelles émotions ressentez-vous globalement en ce moment ? S’il s’agit d’émotions dites « désagréables » comme de la colère, de la tristesse ou de la peur, cela peut être un indice que l’un de vos besoin n’est pas respecté… Voir à ce sujet mon article « Comment mieux gérer sa colère envers son enfant ? ».
Etape 2 : Chercher vos 2 besoins prioritaires
Il existe différentes classifications des besoins, parmi lesquelles la pyramide des besoins, dite pyramide de Maslow que vous connaissez peut-être. Elle regroupe 5 besoins : besoins physiologiques, de sécurité (environnement stable et prévisible), d’appartenance et d’amour, d’estime et d’accomplissement de soi.
Elle vous suffira peut-être pour repérer rapidement si vous répondez à ces besoins dans votre vie ou bien si certains ne sont pas du tout respectés.
Personnellement, je me réfère pour moi et pour mes ateliers thématiques auprès des parents à ces besoins, tirés du jeu de cartes « l’expression des besoins » qui me parlent bien car ils sont très détaillés et concrets. Je vous en propose une sélection ici car il y en a une cinquantaine en tout : amour, sommeil, plaisir, attention, mouvement, stimulation, rire, équilibre, stabilité, indépendance, respect, affirmation de soi, liberté, soutien, ordre, sens, solitude, intimité, changement, échange, créativité, calme, reconnaissance, rire, sécurité, bienveillance, etc. Vous pouvez d’ailleurs les utiliser aussi avec votre enfant ou adolescent, quand vous sentez qu’il traverse une période difficile. Vous pouvez bien sûr en choisir plus que 2, l’idée étant d’y aller progressivement, pour ne pas vous rajouter trop de travail d’un coup 😉
Etape 3 : Trouver des actions répondant à ces besoins
Ces actions concrètes peuvent prendre des formes très variées, selon les besoins que vous avez choisis. Elles peuvent nécessiter de dégager du temps seul-e pour les réaliser ou vous pouvez les faire avec votre enfant ou en sa présence. Par exemple, si vous avez choisi « rire », cela pourrait passer par le fait de voir plus souvent un ami avec qui vous êtes sûr-e de passer un moment joyeux, de regarder une vidéo d’un humoriste que vous appréciez, d’aller à un spectacle de cet humoriste, mais aussi de faire avec votre enfant des activités où vous rirez ensemble. C’est d’ailleurs notamment ce que je propose dans mes ateliers jeux parents-enfants où l’idée est de découvrir des jeux tous simples à mettre en place et qui vous permettent de rire ensemble et relâcher la pression du quotidien. Si vous avez choisi « besoin de sens » par exemple, cela nécessitera davantage de réflexion pour trouver des actions concrètes vous permettant d’y répondre. Pour cela je vous propose de prendre les différents volets de votre vie un par un comme vu en étape 1 et de voir lequel manque de sens pour vous en ce moment. Typiquement, si cela concerne votre relation avec votre enfant, quels sont les aspects qui n’ont pas de sens pour vous : la manière dont vous communiquez ensemble, dont se déroule le quotidien, l’incompréhension de certains de ses comportements, vos réactions dans certaines situations qui ne vous conviennent pas, etc. ? Comment pourriez-vous faire autrement pour que votre parentalité corresponde davantage à ce que vous êtes et ce que vous souhaitez ? Il se trouve que c’est l’un de mes sujets favoris 😉 Je vous donnerai donc des pistes et outils dans mes prochains articles.
Etape 4 : Se demander systématiquement si vos choix ou décisions correspondent à vos besoins du moment
Dès que vous devez prendre une décision dans votre vie, qu’on vous propose de faire quelque chose ou que vous proposez à votre enfant une sortie ou une activité, demandez-vous avant si cela répond à vos besoins du moment. Je ne parle bien sûr pas ici de la réponse prioritaire aux besoins physiologiques de votre bébé ou de votre jeune enfant, qui passent avant vous car ils n’ont pas encore la capacité de les différer.
Je me souviens notamment d’une mère qui répondait tous les soirs à la demande de son fils qui voulait prendre le trajet bruyant passant devant les voitures au retour de la crèche. Or cette mère était très sensible au bruit d’une manière générale et ce trajet l’agressait. Résultat : elle était tendue en arrivant chez elle et s’énervait donc plus facilement sur son fils. Elle a réalisé qu’en voulant lui faire plaisir et en n’écoutant pas son besoin de calme, cela avait finalement des conséquences désagréables sur tout le monde. Elle a donc décidé d’alterner avec un trajet plus calme sans voiture. Elle l’a expliqué simplement à son fils qui l’a accepté plutôt facilement vu qu’elle en était convaincue, sans culpabiliser.
Personnellement, j’essaie d’être plus attentive à mes automatismes et à mes émotions et ça commence à porter ses fruits. J’ai bien sûr de temps en temps des « rechutes » où je m’oublie complètement mais c’est un travail sur le long terme. Au début j’avais du mal à l’assumer devant mes filles, toujours à cause de cette fameuse culpabilité qui nous gâche souvent la vie en tant que parents. Mais à force d’essayer, je me suis rendue compte que mes filles l’acceptaient sans problème. L’important pour un enfant est de passer un bon moment avec son parent, et de le sentir convaincu et aligné avec ce qu’il dit et fait. Même si ce n’est pas forcément ce que lui aurait choisi en priorité, il préfèrera au final changer d’activité et avoir un parent enthousiaste plutôt que de faire son activité avec un parent démotivé et à cran. C’est d’ailleurs la même chose pour nous en tant qu’adulte, vous ne trouvez pas ? Personnellement je préfère passer du temps avec quelqu’un qui partage mon enthousiasme plutôt qu’avec une personne démotivée. Et vous ?
Ces étapes vous semblent-elles simples à mettre en place ? Si oui, êtes-vous prêts à essayer ? Hâte de lire vos retours dans les commentaires 😉
C’est super! On peut pas donner ce que l’on a pas, alors répondre à nos propres besoins me paraît une très bonne idée. Merci pour cet article, très bien fait!
Merci beaucoup pour ton retour et ta phrase très parlante « on ne peut pas donner ce que l’on n’a pas » !
Merci pour cet article je suis d’accord avec tes conseils, je ne me force plus à faire quelque chose qui m’ennuie, j’essaie d’impliquer mes filles dans mes activités et elles sont ravie de participer au mondes des adultes.
Merci pour ton commentaire ! Bravo que tu arrives à le faire car ce n’est pas toujours évident à cause de cette fameuse culpabilité… Et comme tu le dis très bien, les enfants adorent rentrer dans notre monde donc c’est bon pour tout le monde au final
Bel article merci beaucoup ! La culpabilité est en effet un petit poison qui nous ronge. J’ai beaucoup culpabilisé après la séparation avec le papa, mais aujourd’hui je crois avoir compris que cela ne nous ferait pas avancer. Même si je n’ai ma fille que 50% du temps, et que je veux tout donner pendant ces 50%, je prends le soin aussi d’équilibrer nos besoins à chacune pendant ce temps partagé. Nous avons ainsi appris à écouter l’autre, à avoir de l’empathie, et à se soutenir mutuellement. Quel bonheur quand j’entends ma fille me dire « maman, je vois que tu es fatiguée, si tu veux ce soir on fait un jeu calme ensemble et j’irai lire après ».
Merci beaucoup pour ton témoignage ! Bravo de réussir à te réserver du temps pour toi et d’avoir appris à être attentives l’une à l’autre comme ça ! La remarque de ta fille est très touchante. Effectivement la culpabilité peut être décuplée en cas de séparation et on peut avoir tendance à se mettre encore plus la pression…
Super article merci !!
Merci pour ton retour !
Pas toujours evident de nos jours de prendre du temps lorsque l’on est pris dans ce rouleau compresseur et merci pour cet article qui peut etre une veritable prise de conscience pour nous recentrer vers l essentiel…
Merci pour ton retour ! L’image du rouleau compresseur est très parlante effectivement 😉 C’est tout à fait ça : choisir ses priorités, ses « combats » et se recentrer vers l’essentiel…