Se sentir oppressée et sans aucune énergie devant la énième demande de son enfant de jouer avec lui ? Et avoir l’impression de ne plus avoir de ressources et d’être complètement à cran pour des broutilles ? Ca vous parle ? Moi oui 😉
Je ne sais pas pour vous mais je trouve ça vraiment compliqué de prendre du temps pour soi régulièrement, avec le quotidien à gérer et les sollicitations de nos enfants. Personnellement c’est même ce que je trouve le plus dur à mettre en place, alors que je sais pertinemment que c’est la condition de base pour une relation parent-enfant épanouie, sans frustration, rancœur, ni épuisement. Alors, pourquoi est-ce si difficile et comment faire pour réussir à prendre malgré tout du temps de qualité pour se ressourcer, se remonter en énergie et être ensuite plus disponible pour ses enfants ? Je ne vous parle pas de prendre forcément de longs moments seul-e, ce qui n’est pas toujours possible mais de dégager des petits moments, des « respirations » pour relâcher la pression et reprendre des forces pour la suite. Cela prendra bien sûr des formes différentes selon l’âge de vos enfants, votre situation personnelle, professionnelle, vos aspirations, etc. Tout un programme que je vous propose de découvrir ici.
Pourquoi est-ce si difficile de prendre du temps pour soi quand on est parent ?
On a souvent tendance à faire passer nos enfants en priorité et à s’oublier. Est-ce que cela vous parle ? Qu’est-ce qui se joue dans ces moments-là selon vous ?
De mon côté, j’ai clairement identifié la fameuse culpabilité qui m’empêche d’écouter mes besoins en priorité, de peur d’être égoïste et de ne pas montrer suffisamment à mes filles que je les aime et que je veux leur faire plaisir. Cela s’est particulièrement joué pendant ces dernières vacances où j’étais seule avec elles. Cela faisait plusieurs semaines que je ne les avais pas vues et je voulais quelque part « rattraper » le temps perdu en étant disponible à 100% pour elles. Avec ce fonctionnement, qui finit par s’apparenter à du sacrifice, on finit par être à cran, ne profiter de rien et exploser tout à coup pour une broutille car nos besoins ne sont pas respectés. Et personnellement, il n’est pas question pour moi de me sacrifier pour mes filles, de leur faire porter mes frustrations ni de leur donner comme référence cette image de « mère sacrificielle » plus tard, si elles souhaitent avoir des enfants à leur tour.
Pourquoi est-il si important de prendre du temps pour soi ?
Quand j’accompagne des parents, c’est la première chose que je leur transmets : prendre soin d’eux en répondant à leurs besoins du moment, en étant à l’écoute de leurs émotions et de leurs limites. C’est la fameuse image du masque à oxygène dans l’avion dont on parle souvent : alors qu’on aurait tendance instinctivement à poser en premier le masque sur notre enfant, c’est en se le posant à soi en premier qu’on pourra ensuite bien s’occuper de lui. Comment effectivement être à l’écoute, patient et disponible pour l’autre quand on n’a soi-même plus aucune énergie ni ressources pour soi ? L’image de la voiture est bien parlante pour ça : sans essence, la voiture ne peut plus avancer. Et votre essence à vous, c’est votre « réservoir affectif » rempli de moments ressourçants, qui vous font plaisir, vibrer, vous apaisent et vous redonnent de l’énergie pour mieux vire le quotidien. Et vous avez dû certainement vous rendre compte que quand vous étiez en forme et ressourcé-e, cela rejaillissait automatiquement sur l’ambiance de votre famille car vous prenez les choses avec plus de distance et de patience.
Comment faire concrètement au quotidien ?
Vous me direz – et beaucoup de parents me disent : « ok mais concrètement c’est impossible de trouver du temps vu mes journées non-stop où j’ai parfois à peine le temps d’aller aux toilettes ou de manger ». Et particulièrement les parents solos qui n’ont aucun relais. Je suis complètement d’accord avec vous dans l’absolu mais c’est pourtant faisable. Pour cela, il y a plusieurs étapes :
Etape 1 : Etre convaincu-e qu’il est essentiel de vous occuper de vous en priorité
Est-ce le cas ou cela vous semble-t-il encore impensable ? Dans le second cas, réfléchissez à ce qui vous bloque et d’où ces pensées pourraient venir : du modèle de vos propres parents qui ne prenaient pas de temps pour eux ? Ou à l’inverse souhaitez-vous vous investir à 100% avec vos enfants car vous avez souffert du manque de disponibilité et de temps de vos propres parents ? De l’impression que vous abandonnez vos enfants en n’étant pas toujours disponible à 100% pour eux ? Des idées véhiculées dans votre entourage que prendre du temps pour soi c’est être égoïste ? Du sentiment que vos enfants sont plus importants que vous et passent en priorité dans tous les cas ? Que vous allez être un « mauvais parent » ? (Comme ça me touche et m’attriste d’entendre tant de parents utiliser régulièrement cette formule !). Ou d’autres raisons ? N’hésitez pas à les donner en commentaires. Après ce travail d’introspection, si vous réalisez d’où viennent vos freins et que vous sentez que cela vous pèse trop de ne pas avoir de temps pour vous, vous pouvez passer à l’étape 2.
Etape 2 : Réfléchir à vos 2 besoins prioritaires du moment
Je reviendrai souvent sur ce sujet des besoins qui est fondamental pour être bien dans sa vie tout court et sa vie de famille. Vous pouvez d’ailleurs lire ici mon article « Parents : comment répondre à ses besoins sans culpabiliser ?« . Voici en vrac quelques besoins, qui peuvent concerner notre vie personnelle mais aussi professionnelle : amour, sommeil, plaisir, attention, mouvement, stimulation, rire, équilibre, stabilité, indépendance, respect, affirmation de soi, liberté, soutien, ordre, sens, solitude, intimité, changement, échange, créativité, calme, reconnaissance, rire, sécurité, bienveillance, etc. Souvent ces besoins non comblés sont à l’origine du mal-être que vous ressentez en ce moment, ou du manque de sens que vous ressentez dans votre vie. Et ils engendrent des émotions pas forcément très agréables à vivre, comme je le détaille ici dans mon article sur la colère.
Etape 3 : Chercher comment répondre concrètement à ces besoins
Maintenant que vous avez identifié vos besoins prioritaires, réfléchissez à comment vous pourriez y répondre par des actions précises à mettre en place au quotidien.. Puis réfléchissez aux relais que vous pourriez trouver pour les faire, si vous n’en n’avez pas au quotidien (babysitter, amis, parents d’enfants de la même école/crèche que votre enfant, etc.).
Si c’est encore trop compliqué pour vous de vous connecter à vos besoins car vous avez pris l’habitude de faire passer ceux de vos enfants systématiquement en priorité, réfléchissez aux activités/passions qui vous faisaient du bien avant de devenir parent. Ou bien aux moments, même courts, qui vous ressourcent en présence de vos enfants (dessiner, chanter, danser, etc.). Voyez maintenant comment vous pourriez les remettre en place au quotidien, soit seuls, soit en le faisant plus souvent avec vos enfants. Je me souviens d’une maman solo qui adorait danser et qui ne pouvant se libérer du temps pour le faire à l’extérieur le faisait avec sa fille chez elle. Concrètement, l’idéal serait bien sûr de pouvoir dégager des moments réguliers chaque semaine sans enfant pour une sortie, un activité sportive ou culturelle, etc, (selon ce dont vous avez besoin). Mais malheureusement ce n’est pas toujours possible, selon votre situation personnelle, financière, l’âge de vos enfants, la présence ou non de relais, etc. L’important est de prendre quelques « respirations » chaque jour, pour déconnecter du quotidien, retrouver du calme et reprendre des forces et de l’énergie pour bien vivre ensuite les moments avec votre enfant et tous les imprévus que ça implique. Cela peut passer par exemple par : un bain, de la cohérence cardiaque, un auto-massage, la concentration sur des objets de votre entourage ou la nature environnante, l’écoute d’une musique qui vous fait du bien, une vidéo d’un humoriste qui vous détend, un podcast sur un sujet qui vous passionne, une balade, etc.
Etape 4 : Alléger votre do-list
L’idée est de réfléchir aux tâches que vous pourriez soit reporter à plus tard, soit déléguer, soit même annuler. Si vous avez un bébé ou que votre enfant est encore jeune, vous ne pourrez bien sûr pas différer ses besoins physiologiques fondamentaux. Et il y a aussi des tâches indispensables que vous devez faire dans votre semaine (administratif, courses, vaisselle, etc). Mais certaines ne sont peut-être finalement pas indispensables et pèsent peu dans la balance comparé à un temps pour vous ressourcer. En observant la manière dont vous occupez vos rares heures libres au quotidien (pendant les siestes de votre enfant, que vos enfants jouent ensemble, que vos ados sont sur les écrans, etc.), vous réaliserez peut-être que vous allez systématiquement vers des choses qui ne pas forcément prioritaires et qui vous empêchent de vous poser et de reprendre des forces. Par exemple, les écrans sont particulièrement chronophages, pas forcément très ressourçants et prennent finalement énormément de temps qui aurait pu être investi différemment. On se sent souvent « coupables » de faire une sieste plutôt que de s’adonner aux tâches ménagères. Pourtant, 20 minutes seulement sont tellement réparatrices et vous permettraient d’être beaucoup plus efficaces ensuite, surtout si votre besoin prioritaire du moment est le sommeil.
Après m’être observée durant ces rares moments calmes, je me suis rendue compte que soit je me mettais à préparer des repas longs (sans prendre aucun plaisir), soit j’allais vers des tâches ménagères alors que ce n’est clairement pas une priorité pour moi. Maintenant j’ai arrêté ça et j’en profite pour faire une cohérence cardiaque si je me sens à cran, écouter un podcast ou lire un passage de livre, faire du journal créatif, envoyer un vocal à une amie, etc. Cela me permet de recharger mes batteries et d’être ensuite beaucoup plus détendue avec mes filles qu’après une séance de ménage 😉 Je me souviens aussi d’une maman solo qui expliquait que son rêve depuis des années était d’écrire un livre mais qu’elle n’arrivait pas à dégager de temps avec son adolescent. En creusant ensemble, elle s’est rendue compte qu’elle pourrait commencer à avancer au moins une fois par semaine quand son fils regarde les écrans, au lieu de faire une tâche domestique comme elle le fait d’habitude. Et d’une autre maman qui toutes les semaines s’imposait quand ses filles dormaient, de repasser le linge de la famille comme elle avait vu sa mère le faire quand elle était petite. Quand elle a réalisé que ce n’était pas indispensable, cela lui a libéré des heures pour faire des choses pour elle.
Etape 5 : Apprendre à demander de l’aide à votre entourage
Est-ce compliqué pour vous de passer le relais à quelqu’un de votre entourage ? Ca l’était beaucoup pour moi avant. Et pourtant cela peut vraiment vous dégager du temps rien que pour vous. Les parents que je rencontre me disent souvent qu’ils hésitent à le faire, de peur d’être jugés comme « n’arrivant pas à gérer le quotidien » ou ont peur de déranger et d’être envahissants. Personnellement, je me suis obligée au début à demander à des personnes proches dont je savais qu’ils ne me jugeraient pas. Et une fois que vous y avez goûté, vous verrez que vous y prendrez goût 😉
Si cela vous semble trop compliqué, pour commencer, vous pouvez mettre à contribution vos enfants, sur des tâches précises, en fonction de leur âge bien sûr. Plus tôt ils commenceront, plus ce sera naturel pour eux ensuite. Et vous avez dû remarquer que petits, ils adorent nous aider et nous demandent même d’eux-même de le faire. Alors il n’y a pas à hésiter 😉
Etape 6 : Intégrer ces moments pour vous comme prioritaires
L’idée est de les placer en priorité dans votre tête et qu’à terme cela devienne une routine pour vous, comme vous laver les dents. Mais pour cela il faut tenir bon dans les premiers temps. On parle souvent de 21 jours pour que le cerveau adopte une nouvelle habitude. D’autres parlent de 2 mois donc l’idée est d’essayer de manière régulière au début jusqu’à vous rendre compte que vous la ferez naturellement sans même avoir à le programmer. Et quand vous sentez que vous bloquez, prenez quelques instants pour réfléchir à la raison qui vous freine pour voir ce que vous pourriez faire pour la dépasser.
La difficulté peut être de réussir à expliquer à son enfant que vous avez besoin d’un temps pour vous avant d’être disponible pour lui. Et pour cela, il « suffit » d’être convaincu-e de l’utilité de le faire sans culpabiliser : si vous êtes aligné-e avec ça, ça passera plutôt facilement auprès d’eux mais si vous culpabilisez, ce sera plus compliqué. Je vous en reparlerai souvent aussi.
Et vous arrivez-vous à prendre du temps pour vous au quotidien ? Je lirai avec plaisir vos réponses dans les commentaires !
Si c’est compliqué pour vous de trouver des idées pour vous ressourcer, je vous conseille le livre « Etre mère sans s’oublier : 40 ressources pour prendre du temps pour soi » de Soline Bourdeverre-Veyssière. C’est un petit livre qui se lit rapidement.
Bravo pour ce premier article Marion !!! On me demande régulièrement comment je fais pour faire tenir toutes mes activités dans une journée (professionnelles, famille, sport, etc…). Personnellement, je fonctionne bcp par To do list. Je note tout ce que je souhaite faire et qui me passe par la tête, que ce soit avec les enfants ou simplement pour moi. De cette manière, je m’oblige à une « certaine répartition » en essayant de n’oublier personne (y compris moi lol) 😉
Merci pour ce retour Sebastien sur ton utilisation de la to do list qui effectivement est bien précieuse !
Article intéressant à lire en cette semaine de rentrée scolaire ! Effectivement parents on a svt tendance a faire passer la famille avant tout ! C’est pourquoi maintenant je vais me faire ce bain de pied dont je rêve depuis 15 jours 😜merci de nous aider à déculpabiliser !
Oui ça fait effectivement toujours du bien de se rappeler tout ça au moment du tourbillon de la rentrée scolaire… Merci pour ton retour et j’espère que ton bain de pied t’a fait du bien 😉
Merci Marion pour cet article si important, nous avons tous besoin de prendre soin de nous ! Certains ont besoin de plus ou moins de temps seuls, et c’est important de le respecter, dans la mesure du possible…
Merci Aline ! Oui c’est tout à fait ça ! L’idée est d’écouter ses besoins et comme tu dis d’essayer d’y répondre du mieux qu’on peut selon ses contraintes…
Merci beaucoup Marion pour cet article…j ai eu l impression qu on parlait de moi..:)
Merci pour ton témoignage ! Je suis ravie que ça t’ai parlé 😉
Merci pour cette article très pratique et avec un superbe livre recommandé en prime. C’est vrai qu’en tant que parents il nous arrive de culpabiliser de prendre soin de soi, et pourtant c’est primordial pour être bien avec ses enfants.
Merci pour ton retour. Oui c’est clairement essentiel mais pas toujours facile à se l’autoriser…